Coeur Noir a écrit :L'entente de programmation avait sa place du temps des copies argentiques qu'il fallait trimbaler de salle en salle et pouvoir dater sur au moins 6 semaines pour accrocher la copie à sa date de sortie nationale.
Aujourd'hui, il n'y a plus cet impératif de gestion "physique" de la circulation, ni côté salles ni côté distrib's : entre dématérialisation et le fait qu'un Disque Dur peut nourrir un certains nombre de sites en quelques heures ou jours, certains verrous auraient dû sauter avec l'arrivée du tout numérique.
Mais non. C'est pas dans l'intérêt des ... plus gros d'assouplir les plans de sortie d'une part, et d'autre part le législateur ayant traîné pour finalement pondre un système de vpf comparable à ce que faisait déjà le privé sans réclamer d'argent aux pouvoirs publics, et beh on reste calé sur un système-comme-si-y-avait-encore du 35mm...
Note bien qu'il est dans le mécanisme même des VPFs de ne pas perturber les habitudes du marché en instaurant, durant une phase transitoire (celle de la durée des VPFs), un équilibre financier proche de l'ancien 35 (le coût à la copie devenant un coût au VPF).
Biensur, et cela rejoint ta vision : le mécanisme des VPFs est une "invention" des gros distributeurs (disons plus justement des Studios), même si les tierces parties ont été d'actifs acteurs dans l'élaboration de ces mécanismes (il leur a fallu s'assurer une rentabilité certaines, ces sociétés n'étant pas par nature des associations à but non lucratif...).
Une fois les VPFs terminés, alors ça deviendra nécessairement plus free style, car les coûts "à la copie/VPF" pour les distributeurs auront quasi disparu (plus de VPF, que des frais techniques de plus en plus faibles). Il n'y aura par ailleurs plus d'intermédiateurs (tierce partie VPF ou autre loi censée assurer la même économie ...) pour pomper du fric au passage pour rembourser des équipements déjà amortis.
Est-ce qu'on va assister à un nouveau far west, avec une chronologie des média réduite à une précaution oratoire pudique "à la Lescure" ? ... c'est dur à dire.
Et que faire pour s'y préparer au mieux au niveau du cinéma, ça promet des challenges à relever pour l'exploitation dans les années qui viennent...
Et malgré cela la conversion au num' s'est faite plus rapidement qu'imaginée...
Cela dépend de "imaginé par qui" je dirais.
En effet, les durées de transition ont été, pour l'Europe, globalement conformes aux prévisions, voire même un peu en deçà - pas aussi rapide que prévu - des tierces parties et Studios.
Ce pas aussi rapide que prévu est lié à deux facteurs en particulier :
- les manoeuvres de certains états pour tenter d'instituer un mécanisme anti-concurrentiel aux pratiques privées pré-existantes : la France est à ce titre un "bon élève", avec les annonces à répétition d'un plan de financement pour le numérique. L'Allemagne a également connu son "plan 101" (qui lui a capoté pour laisser faire l'économie privée en fin de compte).
- la crise économique qui a commencée en 2008, et qui perdure encore, parfois très violemment encore dans certains pays (Espagne et Italie par exemple, même si au rythme où vont les choses, la France risque de rejoindre ces deux comparses en klaxonnant)
Donc, je ne partage pas vraiment ta vision comme quoi la transition au numérique s'est fait plus rapidement que prévu. Je dirais qu'elle s'est faite, dans le tempo prévu grosso merdo pour la France, et se fait avec un peu de retard pour Italie et Espagne à cause de la crise économique qui a débuté en 2008 (et que les politiques d'austérité forcée menées par les états concernés n'aident pas forcément à résoudre rapidement - mais loin de moi l'idée d'émettre un jugement définitif sur le sujet, n'étant pas économiste éclairé).