Que pensez-vous des remakes?

[bobine43]

excuses ma mémoire mejoue des tours

[victoria18]

Pour moi, l'un des meilleurs remakes, c'est "True lies".
Partant d'un excellent film français, aux moyens d'un film français, ils ont fait un excellent "blockbuster" avec les moyens américains, sans trahir l'oeuvre originale.

[Roger CANTO]

... avec les moyens américains, sans trahir l'oeuvre originale.

Ce qui est assez rare pour être signalé !

[victoria18]

Le peplum de William Wyler datant de 1959 est "Ben Hur".

Qui était lui-même un remake d'un film muet de 1925

[Charles]

Bonsoir,

En règle générale, le remakes sont fréquents car:

- les bons scénarios originaux sont rares;
- c'est une base de succès en principe assurée (quand ça ne se plante pas).

Je distingue les "classiques" littéraires faits et refaits à diverses sauces (les Misérables, Guerre et Paix, Anna Karenina, etc...) et le remake peut parfois être plus abouti que la version originale. "Guerre et Paix" - que je connais très (trop?) bien - a attendu 1965 pour avoir une version définitive, intouchable sur le plan de la mise en scène, de la réalisation et de l'ampleur. Inutile d'essayer de faire mieux, c'est impossible ... rien que financièrement. C'était la 4ième ou 5ième version filmée; ce qui s'est fait avant était inférieur, irrespectueux du roman et ce qui s'est fait après était nul.

Les remakes de scénarios originaux (ceux cités dans le fil) sont en général très inférieurs au premier film. Je ne vois que de rares exceptions, dont "Manon des Source" de Pagnol qui est devenu moins mauvais sous la direction de Claude Berri. Mais c'est très rare ... Il en va de même pour les adaptations au pays, les remakes US par ex. qui sont souvent des courges.

Si on disposait de scénaristes ET de dialoguistes un peu plus créatifs, les remakes n'auraient aucune raison d'exister. Seulement, on ne trouve pas un Audiard, un Jeanson ou un Prévert à tous les coins de rue. Ce qui explique la mode des ficelles (cordes à nœuds à ce niveau) des "Ne pars pas trop loin, ne reviens trop tôt avec la moutarde sans oublier le pain et les gosses"

[victoria18]

Sans vouloir défendre les scénaristes actuels, il est plus difficile de trouver une histoire originale aujourd'hui qu'il y a 50 ans.

[MOSS]

Et n'oublions pas pour être justes que nombres des scénars d'antan était du pillage en règle de la littérature et du théâtre. Des mécaniques éprouvées remises au gout du jour.
Quant à l'art du dialogue, il a aussi appauvri l'art purement visuel du cinéma - le transformant en expression artistique...verbale!

[WestEnder]

Et n'oublions pas pour être justes que nombres des scénars d'antan était du pillage en règle de la littérature et du théâtre. Des mécaniques éprouvées remises au gout du jour.
Quant à l'art du dialogue, il a aussi appauvri l'art purement visuel du cinéma - le transformant en expression artistique...verbale!

Entierement d'accord ! Revoyez les classiques du muet. Le cinema expressioniste allemand entre autres. Et la facon d'eclairer des scenes, des decors, des visages, de maniere generale tout au long de l'histoire du cinema en noir et blanc...

[Eibhlinn Savage]

Effectivement, il y a une grosse différence entre un remake et un mythe littéraire ou artistique qui est réadapté sans arrêt au cinéma, théâtre, dans la littérature, la musique, etc... Le problème est vraiment complètement différent.
Et moi c'est bien de remakes dont je voudrais parler et non de réadaptations ou de mythes artistiques (pas que ce ne soit pas intéressant aussi, mais c'était le sujet de mon doctorat et j'en ai soupé!)

[Charles]

Et n'oublions pas pour être justes que nombres des scénars d'antan était du pillage en règle de la littérature et du théâtre. Des mécaniques éprouvées remises au gout du jour.
Quant à l'art du dialogue, il a aussi appauvri l'art purement visuel du cinéma - le transformant en expression artistique...verbale!

Bonsoir,

Oui et non. Beaucoup étaient des adaptations de romains contemporains ou des idées originales. Sur le cinéma français, la "Série noire" a fourni beaucoup de trames (idem pour les films US avec les romans US) et quelques scénarios originaux ont laissé des marques (je pense à des grands comme B. Blier, le réac de Schoendorfer).

La remarque sur le dialogue est loin d'être fausse (on pense à Audiard où le seul nom suffisait à faire passer une daube). Mais ou je ne partage pas ton point de vue, sauf si tu le nuances, c'est qu'il appauvri l'art visuel. L'un n'empêche pas l'autre et on peut très bien avoir un film parfaitement dialogué / scénarisé et bien filmé (techniquement et sur le plan de la recherche). Le problème principal, c'est que l'on va au plus facile et au plus commercialement efficace. C'est tout ...

[MOSS]

Eh bien j'accepte de nuancer légèrement mon propos, mais au risque de choquer les gros fans, je maintiens que par exemple, si l'on reconnait immédiatement un film dialogué par Prévert ou Audiard, la mise en scène est techniquement souvent assez neutre et fonctionnelle dans ces films. Il faut vraiment se concentrer sur des détails pour dire si c'est du Hunebelle du Verneuil ou du Lautner. Mais je concède que cela vient aussi un manque de culture personnelle.
Dans ma génération, il a fallut qu'on voit les colorisations risibles de certains films pour prendre conscience que la photo N&B d'origine était très belle.
Et là, tu me diras avec raison qu'un belle photo n'est pas sensée se faire remarquer (si on sursaute en se disant "que c'est beau" c'est qu'elle nous a sorti du film...)

[Eibhlinn Savage]

Je viens d'aller voir Let Me In, le remake américain du magnifique et très étrange film suédois Lat Den Ratte Komma in (sorti en France sous le titre Morse). Etant une grande fan du premier, j'attendais avec impatience de voir le remake. La bande annonce etait prometteuse, tout semblait etre proche de l'original. J'ai adoré le remake. Presque autant que l'original. Mais ça pose quand meme une petite question. Pourquoi un remake?? La seule différence réelle entre les deux films est que dans l'original, la petite fille avait les cheveux noirs et le petit garçon avait les cheveux blonds. Dans celui-ci, c'est elle qui est blonde et lui qui a les cheveux noirs. J'ajoute que les deux enfants du film ont du voir l'original car leur jeu était quasi identique, même en tenant compte de la différence linguistique. Les décor et la photographie étaient également identique. Le suédois était peut-être légèrement plus sombre? A part ça pas grand chose de différent. Ils ont réparé la petite erreur qu'avait fait le premier en révélant l'entre jambe de la petite fille dans une scene ou le petit garcon l'épie pendant qu'elle se change. L'image apparait un quart de seconde. On ne voit pas bien ce que c'est, juste que ca a un air vraiment bizarre et qu'on ne voit vraiment pas ce que ça a à voir avec l'histoire. Un moment "WTF" (What the F.ck?) comme on dit chez moi. Ceux qui ont lu le livre m'ont appris que l'histoire mentionne que la petite fille est en réalité un petit garçon castré, mais comme on en dit rien dans le film, autant couper le tout, ce que fait le remake. Le remake pousse un peu plus loin la monstruosité de la gamine en la transformant physiquement au cours de ses attaques (les yeux qui luisent dans le noir, un aspect un peu demoniaque ou trollesque, on ne sait pas trop), un changement dont je ne sais pas encore trop si cela renforce le personnage ou si c'est un peu inutile, mais rien de grave.
En dehors de cela, deux films semi-identiques. Alors pourquoi le remake?? L'évident c'est qu'il y a une question business. Un remake génère plus d'argent pour les distributeurs américains que la distribution d'un original. Mais le public y gagne quoi? Le plaisir de revoir le film avec une illusion d'un nouvelle angle, de faire une comparaison tout simplement.

[Yannick]

Personnellement, j'aurais plutôt tendance à préférer un remake à une remédiatisation, et le cortège de manipulations suspectes qui s'ensuivent.
Pour le dire pus clairement, je préfère un remake couleur d'un grand classique
du noir et blanc à une ressortie colorisée de ce dernier !


ça ne me choque pas qu'on fasse des remakes, après tout, on fait bien des reprises des grands classiques du théâtre ou de Broadway dans des versions modernes, reprises grâce auxquelles une nouvelle génération de spectateurs va en effet pouvoir découvrir un film. Cette stratégie est dans le prolongement logique d'un processus très justement décrit dans ce même topic : si le cinéma pompe ailleurs des recettes qui marchent, pourquoi ne reprendrait-il pas AUSSI le principe de la reprise théâtrale.

Plutôt que de vouloir comparer, je trouverais intéressant d'essayer de savoir si le "remake" produit sur la nouvelle génération de spectateurs un impact similaire à son prédécesseur sur les spectateurs de son temps. C'est un moyen de redynamiser un film dont l'impact a été émoussé au fil du temps, par l'évolution des techniques, des cultures, etc.

En ce soir de 1895, des spectateurs vierges de toute exposition cinématographique (mais qui connaissaient très bien les lanternes de peur et autres joyeusetés) ont ressenti des émotions fortes en voyant ce train grandir à l'écran. Je me demande si les remakes ne participent pas, d'une manière que j'ignore encore, de ce processus permanent du cinéma d'essayer de retrouver
cet instant primal.