Passage analogique au numérique

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Passage analogique au numérique

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Bonjour à tous


J'aurais plusieurs questions concernant la nuance entre cinéma analogique et numérique.


Tout d'abord, j'ai lu que Toy Story, sorti en 1995 par les studios Pixar était le premier long métrage entièrement conçu en numérique. Néanmoins, il est dit que la première projection numérique s'est faite avec le film Star Wars en 1999, qui mêlait des images numériques et pellicules numérisées..

Ainsi, comment le film Toy Story a t-il été projeté ? Sur un support pellicule ?


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Ensuite, peut t-on dire que la différence entre le cinéma et vidéo numérique se caractérise par :

- leur format ( DCP ≠ MPEG par exemple )

- Le nombre d'image par seconde ..

- éventuellement la ≠ entre image progressive et entrelacée

- Le ratio de l'image

Peut-on trouver entre la vidéo et le cinéma d'autres points de différenciations ?

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Je vous remercie pour votre aide,


Bien cordialement à tous : )
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Hello!

Pour Toy Story, oui. Il a effectivement été projeté sur film en '95. Il faut savoir que même en '99 la projection numérique n'était pas du tout courante. C'était le tout début ainsi que les premiers tests. Cela paraissait encore avant-gardiste et l'image ne pouvait pas complètement rivaliser avec le 35mm comme c'est le cas de nos jours. (Encore que...)

Rien que le fait d'imprimer un long-métrage créé en numérique, c'était quelque chose. Les studios se servaient de ce procédé pour quelques plans à effets spéciaux de synthèse dans certaines productions mais le reste du film était toujours monté et étalonné par photochimie.

Ce n'est qu'au début des années 2000 qu'on a commencé à numériser les négatif de tournage pour une post-production pleinement numérique. Le master final était un fichier en résolution 2K destiné à l'impression des copies d'exploitation.


En ce qui concerne les différences entre le cinéma et la vidéo de nos jours:

- Le format ou codec utilisé. Tout à fait! Généralement x264 pour la vidéo comparé au RAW / ProRes pour le cinéma et le DCP en JPEG2000 pour l'exploitation.

- La cadence d'images par seconde. Oui mais ce n'est pas toujours le cas. Bon nombre de caméscopes ou appareils photos permettent de tourner en 24ips comme pour le cinéma numérique. Ce dernier peut également accepter des cadences vidéos comme le 25, 30, 50 ou 60ips.

- Le balayage progressif ou entrelacé. Il est de plus en plus rare de trouver des balayages entrelacés en vidéo donc je ne sais pas si c'est très judicieux de mettre cet aspect en avant mais effectivement, à ma connaissance le DCP ne fonctionne qu'en progressif.

- Pour le ratio d'image, c'est un peu comme pour la cadence. Aujourd'hui, beaucoup de vidéastes travaillent dans des ratios qu'on utilise généralement au cinéma. Le scope est le meilleur exemple. Ensuite on peut bien évidemment pointer le fait qu'au cinéma on trouve souvent du 1.85:1 pour le format flat alors qu'en vidéo il s'agit du 1.78:1 qui même si très similaire, ne doit pas être confondu.

Il y a quelques autres différences.

Le débit est peut-être un des points qui différencient grandement la vidéo du cinéma numérique. Pour globaliser, un débit vidéo classique tourne dans les 25mbps alors que pour un DCP on aura un débit environ 10x plus élevé. La différence se voit notamment sur la structure de grain ou de bruit qui compose l'image. Un débit plus important donnera une image beaucoup plus fine et sans artefacts, donc plus digne d'être projetée sur une toile de grande envergure.

L'espace colorimétrique. Dont l'échantillonnage et la profondeur de la chrominance. 4:4:4 en 12 ou 16 bits pour un DCP contre 4:2:0 en 8 bits pour un fichier vidéo classique. La dynamique de l'image est encore une fois plus adaptée à la projection sur grand écran. On obtient des couleurs et des contrastes beaucoup plus riches et fidèles que ce que l'on obtient en vidéo.

La résolution. On trouve généralement des résolutions 2K (2048x858) ou 4K (4096x1716) au cinéma contrairement au 1920x1080 traditionnel de la vidéo HD (1920x800 en équivalence scope). Je n'ai pas besoin de préciser que plus la résolution est grande et mieux ce sera pour une projection cinématographique.

Tous les points que je viens d'aborder ici sont à prendre avec des pincettes. Les formats de distribution vidéo ne cessent d'évoluer et rattrapent de le format du cinéma numérique à grands pas. Les Blu-rays 4K ont par exemple une résolution, un débit et un espace colorimétrique quasi-similaire au format DCP actuel. Donc ces arguments comparatifs sont déjà presque obsolètes...

On peut terminer en disant que la vidéo est aujourd'hui peut-être trop proche de ce que l'on retrouve en exploitation cinématographique. Et vice-versa. L'un progresse et l'autre "régresse" en quelque sorte. Est-ce que cela pourrait mener à la disparition totale des cinémas? C'est une question très intéressante que beaucoup se posent. Selon moi, le 35mm sera toujours supérieur au numérique car il offre quelque chose que l'on a généralement pas à la maison. Il existera toujours car suffisamment de personnes connaissent son importance. Je précise également que j'arpente une voie très dangereuse en parlant de ce genre de choses et je vais peut-être un peu loin avec mes raisonnements hâtifs. Alors je vais m'arrêter là :wink:

PS: Je suis nouveau ici. Cela fait très longtemps que je me régale à lire les nombreux posts de ce super forum et en voyant le message de Camille sans réponse, je me suis décidé à m'inscrire enfin. Il faudra d'ailleurs que je pense à aller me présenter!
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Heuuu, super réponse, Ilovewaterslip... 8) Welcome !

(je te relirai plus attentivement un pneu plus tard)
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Merci pour ton accueil, affiche-cine! :)
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Merci et bienvenu ilovewaterslides ... Ouf j'ai bien cru que je n'arriverai pas à écrire tout ton nom ! :mrgreen:
Merci oui pour tes explications en réponse à Camille. Pour une première c'est un coup de maître :wink:

je ne suis qu'un amateur et surtout qu'un collectionneur de ciné et de photo mais je sais apprécier aussi les techniques modernes que je l'avoue, je ne comprends pas toujours, ça c'est mon côté amateur ; mais toujours en recherche d’explication, là c'est mon côté collectionneur.

Et bien nous lirons donc attentivement ta présentation :wink:
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Merci beaucoup, sylpieste!
Je vois d'ailleurs que nous vivons plus ou moins au même endroit. Que le monde est petit!

Je dois avouer que je suis techniquement un amateur moi aussi. J'en parlerai davantage dans ma présentation ;-)
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Merci pour le résumé, quelques précisions néanmois :
ilovewaterslides a écrit : - Le format ou codec utilisé. Tout à fait! Généralement x264 pour la vidéo comparé au RAW / ProRes pour le cinéma et le DCP en JPEG2000 pour l'exploitation.
Parle t'on de vidéo professionnelle ou grand public ?
Les livraisons des masters HD pour la télévision se font essentiellement en MPEG2 50Mbit/s (débit recompressé pour la diffusion), le blu-ray est entre 15 et 40 Mbit/s (MPEG2 ou H264), le DVD est en SD avec un débit maximum de 9800 Kbit/s incluant son, image et sous-titres, souvent l'image est à moins de 7000 Kbit/s, en MPEG2. Les formats de tournage vidéo actuels sont souvent entre 50 et 300 Mbit/s (du Sony XDCam à l'XAVC 300), HD ou UHD.
En laboratoire cinéma, le format de travail est plutôt le suite d'image, en DPX (format créé à l'origine par Kodak pour le scan) ou le TIFF, entre 10 et 16 bit. Le Prores est parfois utilisé en tournage pour des raison économiques, mais en général les caméras tournent en RAW. le CinemaDNG pointe aussi le bout de son nez, en tournage et post production, mais c'est une chaîne lourde (poids des fichiers et de leur décompression). Le master cinéma normalisé par le DCI pour fabriqué un DCP, appelé DCDM, est une suite d'image TIFF 16 bit à la résolution native finale du DCP, en XYZ, accompagnée des fichiers WAV 24bit/48KHz discrets du mixage. En complément, des fichiers Prores sont en général fournis aux distributeurs comme intermédiaires pour d'autres fabrications : PAD télé, blu-ray, DVD, VOD, compagnies aériennes...
ilovewaterslides a écrit : Le débit est peut-être un des points qui différencient grandement la vidéo du cinéma numérique. Pour globaliser, un débit vidéo classique tourne dans les 25mbps alors que pour un DCP on aura un débit environ 10x plus élevé.
Attention à bien distinguer débit moyen et débit maximum. Le JPEG2000 utilisé pour la compression des DCP est un codec vectoriel, le débit maximum cible est de 250 Mbit/s (porté à 500 sur les dernières spécifications de la norme), mais beaucoup de DCP ont été encodés avec un débit cible maximum de 100, 125, 150 ou 200 Mbit/s, et il est rare d'avoir un débit moyen qui dépasse 150 Mbit/s, même en étant à 250 de débit cible.
Dire qu'un débit vidéo classique tourne dans les 25 Mbit/s est un peu un abus de langage à mon avis, il n'y a pas de débit classique, il y a un débit pas type d'usage, et deux manières de coder très différentes : en intra image ou avec du GOP. C'est beaucoup plus facile de réduire le débit en préservant la qualité avec du GOP, mais c'est plus complexe à encoder et décoder.
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Tu as parfaitement raison sur tous ces points Victoria5, mais justement pour éviter un message encore plus long j'ai préféré globaliser un peu mes propos. Je l'ai d'ailleurs précisé dans une des deux parties que tu cites mais effectivement j'ai dû y avoir recours à plusieurs reprises :-)
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