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France : la diffusion numérique de la Palme d’or de Cannes se fera exclusivement par réseau ADSL
Le 22 septembre 2008

Le film "Entre les murs", qui sort mercredi 24 septembre dans 400 salles dont 35 écrans d-cinema, a été envoyé à ces derniers par réseau ADSL. Alors que les films numériques étaient jusqu’à présent transportés sur des disques durs, Haut et court a opté pour une transmission entièrement dématérialisée de la palme d’or 2008 aux cinémas équipés en numérique.
Smartjog a assuré le transport du fichier du long-métrage jusqu’aux 35 salles. Pour piloter l’envoi du fichier vers les écrans d-cinema et superviser la création et l’envoi des clés de décryptage propres à chaque salle, Haut et court a par ailleurs utilisé l’outil "Cinego.net" développé par la société CN films avec le soutien financier du programme Media de la commission européenne.

La dématérialisation de la diffusion des films permet de réduire sensiblement les coûts de distribution des longs-métrages et des autres contenus (les spots publicitaires notamment) : la fabrication de copies (35mm ou disques durs) n’est plus nécessaire et le transport des films par réseau est beaucoup plus simple à gérer.
L’impact de la diffusion par réseau sur les coûts et la logistique de transport deviendra réellement significatif lorsqu’un grand nombre de salles pourront recevoir les fichiers des films sous forme dématérialisée

http://www.manice.org/rubrique.php?id_rubrique=28#57
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Un truc m'échappe dans le développement du numérique au cinéma: c'est en rapport avec l'attitude des distributeurs.

Objectivement un fichier informatique est reproductible à l'infini et sans aucune perte de qualité.

Ca signifie que le distributeur peut acheminer son film via le réseau à TOUTES les salles qui en font la demande, s'assurant ainsi une exposition maximale pour un coût pas seulement faible... mais presque nul !!! (une baie de serveurs, une connection broadband et roule Léon, c'est bien moins cher qu'un gros 4x4...).

Et aussi: plus la peine de se poser la question de savoir quel équipement est potentiellement le meilleur pour accueillir le film sur une ville donnée.

On peut donc subodorer qu'à équipement techniquement équivalent, la salle de quartier pourra potentiellement avoir des films porteurs en sortie.

Vous imaginez le paradoxe ?

Pour reprendre le fil de ce que j'essayais de décrire précédemment, je suis persuadé que plus que jamais, tout va se jouer au niveau contractuel.

La bataille ne se joue pas sur un plan technique mais sur l'usage qui en sera reconnu comme le plus légitime.
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Enregistré le : dim. 28 oct. 2007 - 12:00

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Je pense aussi que certaines salles qui n'avaient pas accès à certains films, le pourront dorénavant plus rapidement grâce au prix relativement bas des disques durs, mais c'est pas sur non plus, d'autres contraintes pourraient être créées...
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Enregistré le : dim. 30 mars 2008 - 21:59

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Et moi je pense que vous révez un peu.
La sortie des copies sera réglementé pour permettre au petit distributeur d'étre également a l'affiche. De plus, il serais dangereux d'avoir une "course au copie" qui entrainerais trés vite une diminution de durée de film de 4/5 semaine à ... 1/2 semaines!!

il n'est donc pas dans leur intéret de sortir plus de copie qu'avant.
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Mais si, une diffusion sur une durée plus courte, dans un nombre de salles plus important qu'à l'ordinaire, doit revenir au même et diminue les risques de piratages par la même occasion, non?
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Et en plus pour les petites productions dont la diffusion se fait avec une poigné de copie simplement, là le problème serait réglé d'office vu le coût, donc pour les salles art et essai, plus besoin d'attendre que la copie 35 tourne de salle en salle, si le distributeur le veut, il satisfait tout le monde d'un coup en profitant de la publicité faite à la sortie du film et qui est souvent oublié au bout de quelques semaines.
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sauf que les exploitant voudront le dernier blockbuster, pas le dernier film d'auteur :?
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Enregistré le : jeu. 1 mai 2008 - 12:39

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+1 pour alexchpred
"Ca sert à quoi un film qui ne fait pas d'entrée ?" diront certains (ou tous les ?) exploitants... :twisted:
RAN

Membre banni
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Enregistré le : mer. 24 sept. 2008 - 18:29

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Je travaille dans un cinéma qui propose une grande diversité de films et qui donne une chance avec une programmation de 4 à 5 semaines d' être vus par le plus grand nombre.

Il est vrai que des fois nous sommes démotivés par le peu de spectateurs qu' attirent des films différents, d' autres cultures alors qu' à quelques kilomêtres le multiplexe remplit ses salles avec des trucs insipides et pré digérés.

Que ce soit en 35 mm ou en numérique le problème est " comment faire pour que les spectateurs redeviennt curieux et n' aient pas peur d' aller vers une culture plus diversifiée ?
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RAN a écrit : Que ce soit en 35 mm ou en numérique le problème est " comment faire pour que les spectateurs redeviennt curieux et n' aient pas peur d' aller vers une culture plus diversifiée ?
Oui je pense que le fond du problème est là, et attention pour avoir le label art et essai il faut effectivement projeter un certain nombre de films d'auteur, sinon le label risque de s'envoler et peut des subventions avec je pense?
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Pour répondre à alexchpred:

Les exploitants indépendants et leurs programmateurs vont probablement se tourner vers les films les plus porteurs si ceux-ci deviennent virtuellement accessibles pour toutes les salles (Conditionnel !).

Ca signifie des Blockbusters certes, mais pas que, parce qu'en jeu, il y a aussi le Classement "Art et Essais".

Ce classement (ainsi que les divers labels Recherche/Jeune Public/Répertoire et les autres dispositifs type EUROPA) rapporte dans certaines salles presque autant d'argent que les recettes de la salle elle-même.

On verra probablement un certain nombre de très grosses productions programmées dans les petites structures de manière ponctuelle, mais ce n'est finalement que justice si on juge dans le même temps de l'intrusion relativement fréquente des Multiplexes sur le terrains de l'A&E et de la VO (voir la situation sur Lyon à ce sujet) et d'ailleurs ça se fait déjà.

L'exploitation 100% A&E et Auteurisante est un Mythe, pour illustrer avec un exemple parlant, aujourd'hui Woody Allen est distribué par TF1 sur un très grand nombre de copies et passe en VO dans les Multiplexes.

La durée d'exposition des films va changer elle aussi: elle a déjà changé !!!

Je regardais le premier cahier de cabine de mon cinéma, un document quasiment historique qui date de 1976 rédigé par le premier opérateur en poste: les films à cette époque pouvaient rester d'une manière très fréquente entre 5 et 20 semaines à l'affiche (voire bien plus).

Aujourd'hui un film qui atteint les dix semaines fait figure de survivant, et je sais que dans les complexes c'est encore bien plus rapide que chez nous: deux semaines d'exploitation c'est déjà énorme pour la plupart des sorties.

Certains films ne sortent en salle que pour préparer le terrain à un futur passage télévisuel (cf. Le rapport du Club des 13).

Estimer que d'une part le CNC va légiférer dans le sens d'un équilibre des rapports de force économiques et que d'autre part la fracture se situe uniquement entre le cinéma d'Auteur et les Blockbuster est, je le pense, une vision relativement restreinte des choses, la réalité est extrêmement complexe et volatile.

Si grâce au cinéma numérique les films deviennent disponible pour tous dès leur sortie, on peut assister éventuellement à une mutation du marché sans précédent: les salles n'existeraient plus que sur leur seule argumentation qualitative (le travail du programmateur consisterait alors à créer une identité cinématographique spécifique pour la salle).

Mais c'est sans compter sur un facteur externe qui pèse très directement sur la fréquentation: LA PROMOTION MARKETING.

Avoir un tas de très bons films inconnus fera toujours moins d'entrée qu'avoir une seule grosse bouse dont tous les journaux, toutes les radios et toutes les télévisions parlent (J'ai envie de pleurer quand j'écris ça, mais mon expérience de la chose me crie que c'est une vérité inaltérable).

Au passage je peux répondre à RAN.

Si tu veux que le public se déplace pour voir des films plus diversifiés je ne vois que deux solutions:

1) Détruire l'ordre médiatique et la Société de Consommation en commençant par ses organes de propagande (Télévision/Radio/Presse) et reconstruire toute l'industrie du cinéma sur des bases éthiques.

2) Vendre ces films de la même manière que les multiplexes vendent les leurs (Publicité/Publicité et Publicité partout, tout le temps).

Bon j'exagère un peu, il doit y avoir une autre voie quelque part entre la violence armée et la compromission, mais c'est surtout une question de mentalités, pour l'instant le Cinéma n'est (plus) qu'un business.

Et vous noterez qu'aucune de ces problématiques n'est liée directement à l'utilisation du numérique en tant que procédé technique: derrière la machine il y a toujours les aspirations des hommes.

Maly/Norb
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Ouai, je dirais même que La Vie est un buiseness. Rien n'y échappe (hôpitaux, service public, même Emmaûs !!!).
Alors si un 12 salles veux faire 10 sortie quotidiennes, il le fera sans se poser la moindre question et aura raison en voyant sa fréquentation augmenter.
C'est comme tout, plus tu diversifies, plus tu attires...
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Si grâce au cinéma numérique les films deviennent disponible pour tous dès leur sortie, on peut assister éventuellement à une mutation du marché sans précédent: les salles n'existeraient plus que sur leur seule argumentation qualitative (le travail du programmateur consisterait alors à créer une identité cinématographique spécifique pour la salle).


Ce qui nous pend au nez c'est les sorties simultanées CINE DVD VOD TELE le même jour ça commence à se faire aux Etats- Unis
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dcstcyp a écrit :Ce qui nous pend au nez c'est les sorties simultanées CINE DVD VOD TELE le même jour ça commence à se faire aux Etats- Unis
Très juste.

Pour l'instant la sortie ciné correspond au rôle de "tête de pont" dans le cadre de la vie économique du film.

Elle permet de créer de l'attente chez le spectateur des chaînes de télévision ou chez l'acheteur de DVD, l'argument "vu au cinéma" touche le public (c'est le credo de CANAL+ par exemple).

Les droits d'exploitation ont tendance à se concentrer entre les mêmes mains (pensez à CANAL+ ou TF1 par exemple, qui produisent des films, les distribuent, les exportent et les éditent en DVD via leur filiales dédiées).

Si l'équipement vidéo individuel des foyers continue son expansion (le home cinéma) peut-être arrivera-t-il un moment où le cinéma n'aura plus de raison d'être puisqu'il s'agit de rajouter un intermédiaire (l'exploitant) entre ces sociétés et le profit qu'elles tirent de leur activité tentaculaire.

Pour l'instant c'est le cinéma numérique qui joue le rôle de "plus-value" afin de garantir l'existence même de l'exploitation: l'idée c'est de dire que la qualité s'améliore (projection et son numériques) et que les coûts baissent (coupes salariales sur les opérateurs et sur le transport/tirage/assurance des copies).

On pourra argumenter toute la nuit sur le fait que rien n'arrive à la cheville d'une projection en salle, le fait est que ce qui intéresse le public c'est avant tout le film et les nouvelles générations de spectateurs ne sont pas dérangées plus que ça par une qualité de visionnage basse (voir le succès du DivX et des formats compressés avec perte).

Séquence Mme Irma:

1) Les foyers sont équipés en grande majorité avec du matériel Home Cinéma là où avant il n'y avait qu'une télévision.
+
2) Les connexions internet de ces mêmes foyers permettent le transfert de fichiers de très grande taille (donc de qualité supérieure, au standard HD par exemple).
+
3) Les entreprises concentrées du secteur ont toutes mis en place des partenariats commerciaux avec les FAI ainsi que leurs systèmes de VOD et elles assurent la promotion de leurs films via la télévision (c'est à dire elles-mêmes).
=
4) Les salles de cinéma peuvent fermer leur portes faute de raison d'être économique.


Scénario alternatif:

1) L'équipement des foyers stagne à cause des diverses crises de l'économie mondiale (subprimes/banques/environnement/pétrole/pouvoir d'achat etc.).
+
2) Les gens préfèrent utiliser leur connexion internet pour pirater des films car il n'ont pas les moyens de s'offrir la VOD.
+
3) La voix des indépendants de toute la filière est entendue par le CNC qui décide de légiférer sévèrement afin d'empêcher la concentration du secteur et de maintenir un semblant de visée artistique et culturelle au cinéma.
=
4) L'exploitation en salle continue sur des bases techniques nouvelles (cinéma numérique) et sur des considérations artistiques renouvelées (les films sont faciles à obtenir).

Comme d'habitude la réalité sera quelque part entre toutes ces possibilités.

Et encore, je ne vous ai pas fait part de la théorie où un astéroïde percute la terre provoquant un nuage toxique qui transforme les caniches en prédateurs assoiffés de sang, la dernière exploitation de cinéma sur terre étant assurée par Chuck Norris qui produit, réalise, interprète, distribue et projette lui même ses films.

Maly/Norb.
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Que dire de plus à tout ça, un peut long, mais bien expliqué en tout cas. J'adhère pleinement.
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