CLAP DE FIN POUR LE LABORATOIRE LTC.

[Marco]

Avec le numérique, la fin du photochimique est inéluctable.
Mais le CNC qui finance allégrement le numérique pourrait prévoir une enveloppe pour financer la formation (reconversion) de tout ceux qu'il met au chômage.
Je pense au laboratoire bien sur mais aussi à vous tous, les projectionnistes qui voient leur effectifs divisé par deux dans les grands complexes...etc
L'état qui dépense des millions pour créer des chômeurs, c'est quand même un comble.

[Keurdelion]

Euh Marco... il ne faut pas tout mélanger, ce n'est pas l'Etat qui a décidé le passage au numérique, ce sont les studios américains... pour ne plus payer de tirages de copies justement.
C'est donc pas la peine d'aller chercher des coupables ailleurs, si coupables il y a.

L'argent que le CNC dépense dans le numérique, c'est pour aider les petits cinémas, pour qu'eux aussi ne soient pas victimes du numérique. Pas de projo numérique + disparition du 35mm = ???
En plus, le CNC ne fait que rendre aux cinémas une partie de la taxe qu'ils lui filent chaque mois, la fameuse TSA qui explose avec la montée des entrées et des majorations 3D. Faut quand même savoir que plus de 10% du prix des billets vont au CNC... c'est quand même normal qu'il y ait un retour.

[MOSS]

Oui mais de fait l'état soutient tout de même la numérisation (et d'ailleurs aidera même Éclair, autre entité, même actionnaire - même si on ne parle plus du CNC) et pour des bonnes raisons... laisser un sursis aux petites structures - dont certaines crèveront de toutes façons... Mais laisse tomber la branche sans qui les salles de cinéma ne seraient rien aujourd'hui (parce que sans copies, hein...)

[Keurdelion]

Une analyse plutôt intéressante dans Le Point, qui remet quelques idées en place.

[Coeur Noir]

Pour la seule année en cours, les laboratoires LTC possèdent ainsi des créances importantes auprès de grands noms du cinéma français : 772 976 euros à la charge EuropaCorp (Luc Besson), 858 570 euros à la charge de Mars Distribution, 410 368 euros à la charge de Miroir Magic Cinéma, 399 390 euros à la charge de Studiocanal, 346 609 euros pour La Vérité Production, 239 860 pour Pathé... La liste est longue.

En dehors de l'attitude désinvolte des clients, les laboratoires ont subi le choc structurel de la révolution numérique. Le photochimique, la pellicule, est voué à mourir. On le sait depuis longtemps. En octobre 2002, le rapport Couveinhes puis le rapport Goudineau, d'août 2006, proposaient des pistes pour anticiper la mort de la pellicule. "Le CNC n'a pas joué son rôle il y a dix ans. Il aurait pu, à l'époque, organiser la transition des industries techniques du photochimique au numérique, déplore un observateur avisé du septième art. C'est trop tard. Le CNC ne s'intéressait pas à ce genre de questions et les industries techniques n'ont jamais vraiment été considérées comme faisant partie de la grande famille du cinéma."

On en revient toujours au même... à qui profite le "crime" ?

Et puis ça, finalement (léger, le Monde ?) :
http://www.lemonde.fr/culture/article/2 ... _3246.html

[SECAM]

Depuis deux semaines nous recevons plus de copies ADRC tirées par LTC, on a pas reçu carnage on a failli ne pas avoir la clé des champs... Ca commence a être un gros souci... Déjà ...

[bobine43]

on a failli ne pas avoir la clé des champs...

Bah nous on devait l'avoir à partir du mercredi 28 et la semaine dernière notre programmatrice nous a appelé pour nous dire que l'on avait pas le film, alors que nos programmes étaient imprimés et prêts à être distribués.

[SECAM]

Meme souci pour carnage =/

[Potiron]

http://www.jeanmarcmorandini.com/articl ... rkozy.html

Je comprends pas. Pourquoi a aucun moment on parle des personnes licenciées?
Certes, c'est horrible, la france ne va pas pouvoir voir Asterix 4, ils vont perdre bcp d'argent (d'ailleurs allons nous vraiment les plaindre?).

Mais c'est avant tout un DRAME HUMAIN.
150 personnes a la rue.

Et maintenant c'est au tour des projectionnistes.

Dans quelle société on laisse une industrie qui a un chiffre d'affaire de plusieurs milliards licencier des gens sous couverture d'une évolution?

Quand allons nous arrêter d'être de gentils pions?

Projectionniste, bloquons nos salles !
Unissons nous, faisons nous entendre.

[Keurdelion]

Dans quelle société on laisse une industrie qui a un chiffre d'affaire de plusieurs milliards licencier des gens sous couverture d'une évolution?

Les laboratoires argentiques ont-ils encore aujourd'hui un chiffre d'affaires de plusieurs milliards ? Et demain, quel sera leur chiffre ?

D'un côté il y a ces malheureuses suppressions d'emplois, et d'un autre côté on voit grolem qui passe des annonces de recrutement à tour de bras. Pour moi c'est le même mouvement de balancier. Il n'y a pas d'évolution technologique sans répercussion sur les emplois, il y en a qui disparaissent, d'autres qui se créent, c'est comme ça depuis des lustres...

On peut bien sûr se dire qu'il ne faut pas l'accepter et se révolter. J'ai voulu le faire lors de l'invention du tracteur pour défendre l'emploi dans les campagnes, mais mon oncle qui venait de se faire embaucher chez Massey-Ferguson m'en a dissuadé. Depuis, je me suis calmé et suis devenu fataliste face à l'évolution du monde, en me disant égoïstement que si ce putain de PC sur lequel je tape a provoqué des milliers de licenciements chez les sténo-dactylographes ou dans l'industrie du boulier, une nouvelle industrie est née et a créé des millions d'emplois (loin d'ici hélas, mais là c'est un autre débat !).

Quand on aime la technique, c'est difficile de refuser de la voir évoluer, non ?

[Potiron]

Je ne suis pas contre l'évolution!
Mais ce n'est pas une évolution, si elle n'est que technique.

Dans notre monde, l'évolution ne peut pas mettre de coté l'aspect humain.
Ou alors on ne vit plus en démocratie, l'humain n'est plus pris en compte.

L'humain perd face a la machine.

Le numérique ne crée pas d'emploi, tout est fabriqué par des machines.

Et encore une fois je ne suis pas contre le numerique, ce n'est pas ca que je dis.
Je dis que nous devons faire en sorte que nos emplois soient préservés.

"Pour toucher un projo, il faut avoir le CAP."

Et hop! nos emplois sont sauvés avec cette simple phrase.


ps: je parle l'industrie du cinema, pas des labo, et le cinema licencie des milliers de gens, en touchant des milliards..

[Keurdelion]

ps: je parle l'industrie du cinema, pas des labo, et le cinema licencie des milliers de gens, en touchant des milliards..

Sans revenir sur le fond :
1 : les gars de LTC apprécieront de ne pas faire partie de "l'industrie du cinéma"
2 : le sujet s'intitule vaguement "CLAP DE FIN POUR LE LABORATOIRE LTC."

[proj]

D'un côté il y a ces malheureuses suppressions d'emplois, et d'un autre côté on voit grolem qui passe des annonces de recrutement à tour de bras. Pour moi c'est le même mouvement de balancier. Il n'y a pas d'évolution technologique sans répercussion sur les emplois, il y en a qui disparaissent, d'autres qui se créent, c'est comme ça depuis des lustres...

J'aimerais bien connaitre le nombre d'emplois crées et le nombre d'emplois détruits par le numérique...

J'aime aussi le "c'est comme ça depuis des lustres". Ca devrait consoler ceux qui ont perdu leur emploi ou ceux qui sont en passe de le perdre.

Les mutations technologiques sont inévitables mais elles sont aussi anticipables (la première projection numérique française présentée au public : février 2000 au Gaumont Aquaboulevard avec Toy Story 2). Avec du recul, ne pouvait-on pas traiter cette problématique sous un angle humain en prévoyant une restructuration en douceur de certaines structures ?

[MOSS]

Mais tout est prévu qu'ils disent:
Vous ne voulez pas crever en silence? On vous offre gracieusement ce bâillon...
Et maintenant, excusez-moi, je dois vous laisser... je vais faire mon bilan comptable, et ça promet: Y a du chiffre, je ne vous dis que ça! Vous savez, ce beau film plein d'humanité là, celui avec le rigolo de la télé pis l'autre là, le Dustin Hoffman français que je l'appelle! Ah ouais, très beau film. Ah si notre pauv' monde pouvait s'en inspirer. Bah ouais! Rooh et pis qu'est ce qu'on a vendu comme conf avec celui-là! J'peux te dire que j'ai placé du produit, j'ai pété les objectifs. T'endez, vous enregistrez plus là hein?


(Oui, j'avoue, j'ai aussi un CAP de caricature démago mais ça défoule.)

[Keurdelion]

C'est toujours simple de dire après coup "on aurait dû anticiper"... mais c'est qui "on" ? Le patron de la boîte ? Les salariés ? L'état ? Dieu ?

Dans le cas de LTC, dans la mesure de ce que j'en ai compris (je n'en sais rien de plus que ce que j'ai pu lire dans les articles), l'actionnaire privé avait anticipé me semble t-il, en cherchant à rapprocher la boîte d'Eclair pour rendre l'ensemble plus solide. On ne le lui a pas permis. Cela dit, ne nous berçons pas d'illusions, il y aurait eu perte d'emplois quand même, car dans ce genre de fusions, 1+1=1,5 maxi.

Quand un métier disparaît, c'est pas facile d'éviter la casse sociale. On l'a vu dans la photo avec Kodak, le genre de boîte qui a pourtant les moyens de se payer des gars dont le cerveau sait anticiper. Je ne pense pas être fataliste, mais réaliste. La société évolue en permanence, les métiers avec. Tu as raison de souligner que cela fait 10 ans qu'on voit arriver le numérique dans les cabines : justement, je connais pas mal d'opérateurs qui l'ont bien anticipé, en faisant un CIF et en se barrant avant qu'on leur demande de déchirer des billets, ou en se préparant à évoluer en interne quand leur boîte le permet.

Je pense que dans les industries techniques aussi ils ont dû voir venir le truc. Alors pour répondre au mais c'est qui "on" ? du début, mon avis c'est que chaque salarié est responsable de la gestion de son avenir. Ce serait naïf d'attendre que le gentil patron passe en disant "attention les gars, notre métier va disparaître, ça sent mauvais, recyclez-vous et barrez-vous (sans indemnités) avant qu'il ne soit trop tard".

Avec du recul, ne pouvait-on pas traiter cette problématique sous un angle humain en prévoyant une restructuration en douceur de certaines structures ?

Dans le monde actuel, non, car c'est l'économique qui dicte les choses, pas le social. Faut pas être naïf, ni idéaliste. Il aurait fallu faire la révolution pour que ton approche soit envisageable, parce que là, ce que tu demandes suppose de changer radicalement les règles de fonctionnement de la société.

Quand je dis ça, je ne défends pas une opinion, je fais juste un constat que je pense lucide sur une situation pas drôle. Mais j'aime pas trop à vrai dire les "il fallait que" et autres "ils auraient dû", où "ils" est aussi abstrait que le "on" du début.