Circulations dans le cinéma : les scènes qui communiquent

Partagez vos impressions sur les films. Vos coups de coeur et coups de gueule.
Répondre
Messages : 2463
Enregistré le : mar. 22 nov. 2011 - 23:51
Localisation : Paris
Contact :

Circulations dans le cinéma : les scènes qui communiquent

Message

A 50 ans d'écart, la scène finale de La rivière sans retour répond directement à celle de la mort d'Ed Harris dans History of Violence : la confirmation/reconnaissance de la paternité par la transmission de la violence fondatrice dans la culture américaine. Des regards père/fils fascinants.
Notons que ni Cronenberg ni Preminger ne sont américains d'origine.

History of violence (à 4.00) :



River of no return (à 36.20) :



La différence se situe dans ce qu'il advient de l'arme dans chacune des deux scènes...
Messages : 1716
Enregistré le : lun. 22 févr. 2010 - 8:05
Localisation : je maintiens le câble réseau pendant les transferts de la librairie au serveur

Re: Circulations dans le cinéma : les scènes qui communiquen

Message

C'est super intéressant, ce sujet... un vrai sujet sur le cinéma, les films, surtout...
Enfin, ça pour dire que punaise, faut que je me retape tous les films qui m'ont provoqué une telle reflexion, parce que jamais je n'aurais pensé que celà puisse un jour devenir un topic :mrgreen: ... Merci Affiche !!! ola
Modifié en dernier par valium le ven. 19 juin 2015 - 14:31, modifié 1 fois.
Messages : 1716
Enregistré le : lun. 22 févr. 2010 - 8:05
Localisation : je maintiens le câble réseau pendant les transferts de la librairie au serveur

Re: Circulations dans le cinéma : les scènes qui communiquen

Message

Pas mal vu pour certains passages, après il y a surtout comme des "plans type", je veux dire par là des séquences qu'il est quasi-inévitable de retrouver dans un genre particulier (ici ,pour true detective, le polar).
Donc peut-on considérer comme une communication, un dialogue (surtout du ciné à la télé, je suis sûr que tu as fait exprès pour énerver Affiche, hein Yannick :mrgreen: ...) quelque chose que l'on trouve et retrouve parce que c'est une "ficelle" (genre : tu veux montrer l'ascendant qu'un flic a sur un autre qui veut renverser la vapeur, ben tu les filmes alors que l'un explique à l'autre un truc que ce dernier a pigé dès le pas de la porte, mais il est vieux dans le métier, il sait qu'il faut pas énerver les jeunes recrues, alors il le laisse se ridiculiser jusqu'au bout, pour lui dire un truc qu'il avait pas capté, une fois sa démonstration magistrale terminée, qui démolit toute sa théorie en deux mots et demi...) ?
Messages : 1716
Enregistré le : lun. 22 févr. 2010 - 8:05
Localisation : je maintiens le câble réseau pendant les transferts de la librairie au serveur

Re: Circulations dans le cinéma : les scènes qui communiquen

Message

Alors, j'en ai une presque trop évidente, une réponse directe et sans détour :

- La nuit du chasseur, de Charles Laughton, 1955 :


- Do the right thing, Spike Lee, 1989 :


Et, accessoirement, en lisant Bourdieu, on se rend compte que "main gauche/ main droite" est une dichotomie applicable/appliquée à beaucoup de domaines sociologiques et philosophiques, en terme de domination, de reproduction sociale...
Messages : 2463
Enregistré le : mar. 22 nov. 2011 - 23:51
Localisation : Paris
Contact :

Re: Circulations dans le cinéma : les scènes qui communiquen

Message

Interesting...

Une circulation m'est apparue en voyant Her de Spike Jonze, le monologue de rupture de Scarlett Johanson m'a rappelé le monologue de la fin de L'homme qui rétrécit. Chacune de ces deux scènes raconte l'imminence de la dissolution d'une conscience dans l'univers, l'infiniment grand et l'infiniment petit, ceci sur un argument de départ de mise à garde sur les périls technologiques (péril atomique pour le Jack Arnold et péril numérique pour le Jonze). On peut même voir une filiation entre les deux consciences/personnages : un homme rétrécit jusqu'à devenir microscopique tout en proclamant la persistance de sa conscience quelque soit sa dimension, tandis que "her" qui n'est que conscience dès le départ annonce sa "dillution" dans les méandres des réseaux informatiques et donc de l'univers (Avatar point atteint).





Bien sur, Her de Jonze évoque bien d'autres films à argument fantastique : il pourrait être le préquel de Terminator, il travaille sur le caractère éphémère de la vie/de l'amour qui s'évanouit, aussitôt éclot comme dans Eternal Sunshine of the Spotless Mind ou Benjamin Button, on y voit des trajectoires (de personnages, de consciences) qui ne s'effleurent que fugitivement, par chance, voir par une sorte mouvement aléatoire.
Messages : 7352
Enregistré le : sam. 9 mai 2009 - 23:12

Re: Circulations dans le cinéma : les scènes qui communiquen

Message

IL est dur à alimenter ton topic. Je me dis que j'aurais du tout regarder (depuis 65 ans que je visionne des films(*) d'un autre œil. Mais l'idée est chouette, et il y a beaucoup d'autres chantiers à ouvrir...
Difficile de sortir des citations et clins d'œil..


(*) oui, c'est vrai, j'aime bien brouiller les pistes. :mrgreen:
Messages : 2463
Enregistré le : mar. 22 nov. 2011 - 23:51
Localisation : Paris
Contact :

Re: Circulations dans le cinéma : les scènes qui communiquen

Message

Une p'tite circulation cinéma-peinture.

Il y a dans Le vent de V. Sjostrom (1928) un plan d'une hallucinante obscénité/crudité.
La femme se tient debout à coté d'une carcasse de boeuf éventré. Elle regarde, menaçante, Lilian Gish dont elle ne souhaite plus la présence dans son foyer. La tension est clairement sexuelle (peur de l'adultère) et le boeuf écorché apparaît aussitôt comme un sexe féminin béant et menaçant.

Comme si l'image n'était pas assez frappante en elle-même, on la retrouve à peu de chose près dans un tableau de Rembrandt, Le boeuf écorché...

Image Image

Dans les deux images, la dépouille animale est associée à une présence féminine...

Makes you think... (Diane Keaton dans Woody et les robots)

Edith dit : ce genre de tableau est une vanité et celui-ci est une crucifixion... Makes you think twice...
Modifié en dernier par affiche-cine le dim. 26 juil. 2015 - 22:55, modifié 1 fois.
Messages : 331
Enregistré le : mar. 3 août 2010 - 14:24
Localisation : strasbourg

Re: Circulations dans le cinéma : les scènes qui communiquen

Message

Dans retour vers le futur 3 il y a une scène qui répond directement à une autre dans "time after time" ... Avec la même actrice Mary Steenburgen. L'homme qui est amoureux d'elle, lui avoue qu'il a voyagé dans le temps et qu'il vient d'une autre époque...

Je en parle pas non plus dans ce même film du plan "grue" qui passe au dessus du toit de la gare pour découvrir Hill Valley ... directement inspiré du même plan dans "Il était une fois dans l'ouest".
Messages : 2463
Enregistré le : mar. 22 nov. 2011 - 23:51
Localisation : Paris
Contact :

Re: Circulations dans le cinéma : les scènes qui communiquen

Message

Merci, pourrais-tu illustrer le // entre Retour vers le futur 3 et Time after time, à l'aide de Youtube, par exemple...

Oui, pour le plan à la grue, mais c'est plus une référence directe qu'une circulation de sens et de forme.
Messages : 2463
Enregistré le : mar. 22 nov. 2011 - 23:51
Localisation : Paris
Contact :

Re: Circulations dans le cinéma : les scènes qui communiquen

Message

Y a plus une capillarité qu'une circulation... Si True Detective était un film, ce serait un non-évènement.
Messages : 2463
Enregistré le : mar. 22 nov. 2011 - 23:51
Localisation : Paris
Contact :

Re: Circulations dans le cinéma : les scènes qui communiquen

Message

Je viens de découvrir un film qui n'est qu'une grande circulation : Zabriskie Point.
Un film qui de toute évidence a essaimé dans tout le cinéma moderne.

Tout d'abord, le film est lui même une énorme variation sur La mort aux trousses : le faux coupable, la publicité (C. Grant est publicitaire dans le Hitchcock), la scène de l'avion, la maison moderne dans le désert (qui sont des bornes dans les deux films, début, milieu, fin).
15 ans on passé entre les deux films : là où Hitchcock prenait le territoire des USA des 30 glorieuses comme un grand terrain de jeu, Antonioni ne donne à voir que signes, symboles et révolution dans l'Amérique du Vietnam.

Ainsi, la scène de l'avion qui poursuit Cary Grant dans les champs représentant une menace devient une parade amoureuse dans Zabriskie Point, quasiment une parade amoureuse entre une voiture et un avion !

Mais ça, c'est un peu évident, comme l'influence de ce film sur le 29 Palms de Bruno Dumont.

Plus amusante est la transposition de la scène d'amour dans le désert de Zabriskie dans Le guerrier silencieux de N W Refn et l'étreinte désepérée de 2 Vikings.
Dans le film de Refn, les guerriers monothéistes voulaient rejoindre la Terre Promise et se rendent compte qu'il sont arrivés en Enfer, chacun exprime son désespoir différemment et deux guerriers luttent dans la boue, au ralenti, sans raison apparente et sur fond de vibrations industrielles. Ils ne sont pas encore morts que cet enfer (Styx ?) boueux les engloutit déjà.
Tandis que le(s) couple(s) de Zabriskie faisant l'amour se roulent dans le sable du désert, aride et pourtant dernier refuge des aspirations de la jeunesse américaine post-68. Il sont alors couverts de sable et se fondent dans le paysage avec lequel ils font corps. Une image d'un Paradis éphémère et pourtant minéral sur la musique de Pink Floyd.
Une fusion physique avec la nature, subie dans un cas, exaltante, transcendante dans l'autre.

Très drôle, à l'image de Quentin Dupieux et son humour ravageur, la circulation repérée entre Zabriskie Point et Rubber...

Attention
, je vais parler de la fin de Zabriskie.

Dans le film d'Antonioni, l'explosion finale de la maison dans le désert et de tous les objets de grande consommation qui s'en suit commence dans l'oeil de la jeune fille, cette scène n'est qu'une image mentale, la révolution à lieu dans sa tête/son oeil mais cela est représenté comme un acte de télékinésie. C'est à dire qu'elle provoque l'explosion par la simple force de sa pensée.
Et bien, dans Rubber, qui se passe aussi dans le désert, c'est la vengeance absurde, la revanche du plus grand bien de consommation : le pneu ! Un pneu tombé du ciel doué de vie et à la psychologie opaque (comme les personnages d'Antonioni) et surtout doté du pouvoir de faire exploser tout être vivant par la force de sa...euh...pensée ?
L'objet de (sur-)consommation non utilisé (le pneu n'a pas de jante [on peut même dire qu'il est bien déjanté], pas de voiture, pas de propriétaire) peut-il se révolter comme un pied de nez à la révolution des années flower power ?

Je ne sais pas mais l'idée de cette circulation est assez poilante, non ?

(Je vais tenter d'illustrer rapidement mes propos..)
Répondre