Résistance du film argentique

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Re: Résistance du film argentique

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Mouais, ça, ça reste hautement discutable puisque dans ces mêmes pays, l'auteur d'un roman n'est pas son « editor »…
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Re: Résistance du film argentique

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Coeur Noir a écrit :
musidora a écrit :Peut-etre pas dans le cinema narratif habituel
C'est peut-être bien à lui que je pensais ;-) j'ai l'impression que les rythmes actuels de production des films et d'évolution des technologies laissent moins le temps aux techniciens/artistes ( cadreurs, étalonneurs, photographes… ) d'apprendre à maîtriser leurs outils et par conséquent moins la possibilité d'explorer/exploser leurs potentiels.
Ben je n arrive pas a etre d accord malgré tout: j ai l impression quand meme que tu mets de coté non seulement tout un pan de l animation, puis... tout un pan de la production industrielle aussi (je dis industriel pour tout ce qui nourrit l industrie d une maniere ou d une autre, c est plus large que "la production des grands studios" ou "la production commerciale")
J ai vu peu de mouvants cette année, mais j ai trouvé que la plupart utilisaient l outil numérique, le coté lisse ou artificiel de l image numérique.
Et de l autre coté, ce que j ai vu d argentique (ou de film plus generalement, meme sans argent dessus :D) etait specifiquement argentique ou parlait de film. Les huit salopards n auraient pas existé si nous n étions pas a l ere du numérique. Il existe par et pour l argentique et pour un certain mode de représentation au cinéma.
Modifié en dernier par musidora le mar. 6 déc. 2016 - 16:34, modifié 1 fois.
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Re: Résistance du film argentique

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Coeur Noir a écrit :Quant aux autres contraintes : un producteur qui ne met pas le hola, ne fixe pas de limites n'est pas un bon producteur. Un réalisateur qui ne sait pas quand arrêter de tourner, ne sait pas choisir, n'est pas un bon réalisateur. Ok j'exagère, ça dépend des contextes, grosso-merdo.

En voilà de belles certitudes fondée une logique industrielle. Je dirai tout ça aux fantômes de Tati et Chaplin, quand je les croiserais, à l'occasion. Deux génies qui n'ont parfois su créer que dans un gâchis immense...
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Re: Résistance du film argentique

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MOSS a écrit :
Coeur Noir a écrit :Ok j'exagère, ça dépend des contextes, grosso-merdo.

En voilà de belles certitudes fondée sur une logique industrielle.
Non non vraiment pas des certitudes ! « Par ailleurs, le cinéma est une industrie » disait Malraux - en songeant autant à la masse d'interconnexions humaines qu'à la masse de technicité mises en œuvre dans la fabrication d'un film, qu'il fût du plus grand art ou du pur divertissement populaire.

Et dans sa nature même de duplication de l’œuvre ( par sa quantité de re-présentations et de …copies ), le cinéma est industriel.

Ça n'annihile en rien les exceptions. C'est juste qu'elles sont indissociables de l'ensemble : les huit salopards n'auraient pas existé si nous n'étions pas a l'ère du numérique pour reprendre Musidora.

Et Chaplin fut producteur - pour lui mais pas seulement : ça permet de répartir les risques entre différents projets, différentes activités, différentes personnes sinon t'es mort au premier échec… bon si en plus la politique et l'Histoire s'en mêlent, évidemment…

Si l'équipe « non-artistique » autour du d'un film est solide, compétente, le « gâchis » ( le processus créatif ? ) n'est plus qu'un risque calculé - et là aussi il y aura toujours des exceptions.

Un côté industriel, certes, mais aussi à chaque fois un côté prototype absolument imprévisible.
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Re: Résistance du film argentique

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Alors, j'aurai tendance à dire que le meilleur cinéma se crée le plus souvent sous contrainte. La contrainte pouvant prendre de multiples formes comme l'occupation d'un pays, censure, contexte historique, contrainte budgétaire, non maîtrise d'une nouvelle technique...
Chocolat montre quelques plans affreusement vidéo tandis que Sokourov utilise pleinement la caméra numérique pour ce qu'elle est dans Le soleil.
Quand Kubrick fait 2001, Nolan fait Interstellar.
Ca fait des années que Tim Burton ne nous propose plus rien d'intéressant, à mon avis parce qu'il a carte blanche...
Clouzot fait L'assassin habite au 21 et Le corbeau, Bresson Les anges du péché tandis que bien d'autres réalisateurs font des trucs insipides sous l'occupation.
Tout ça pour dire que le meilleur se fait sous contrainte mais que tous les créateurs ne sont pas égaux devant celle-ci.
Par ailleurs, il ne me semble pas que le tournage en numérique soit aujourd'hui un choix artistique. Ce serait plutôt un choix de bon sens, un choix économique et sécurisant, un choix qui rend certains projets possibles même si l'outil n'est pas pleinement maîtrisé.
Mais le bon sens et la sécurité sont-ils un terreau fertile pour la création ? Pas sur...

Et oui, en effet, c'est paradoxal mais tourner en argentique est devenu un choix artistique alors qu'il ne l'avait jamais vraiment été !

Rien que pour ça, il faudra bien sauvegarder l'ensemble des techniques et savoirs nécessaires au tournage et à la projection en argentique.

C'était en vrac depuis le train.

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Re: Résistance du film argentique

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Je plussoie l'analyse de fifiche, dans certains cas, la créativité du réalisateur s'exprime le mieux avec ou contre une contrainte qu'elle va chercher à contourner, avec laquelle elle va se battre et c'est là que naîssent, artistiquement, des choses intéressantes. D'où le rôle fondamental du producteur. Cepdendant, il y a à mon sens aussi la question de la contrainte technologique. Jaws serait-il Jaws si l'animatronique n'avait pas coulé à pic au moment du tournage, contraignant Spielberg à recourir à la suggestion plutôt qu'à la monstration ?
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Re: Résistance du film argentique

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affiche-cine a écrit :Alors, j'aurai tendance à dire que le meilleur cinéma se crée le plus souvent sous contrainte. La contrainte pouvant prendre de multiples formes comme l'occupation d'un pays, censure, contexte historique, contrainte budgétaire, non maîtrise d'une nouvelle technique...
Je suis d accord avec ca. Y a quand meme un plafond en ce qui concerne la contrainte politique. Si on prend le bloc communiste, certaines grandes periodes de cinemas nationaux se sont fait sous le dégel, par contre lorsque le totalitarisme est devenu trop fort, trop inhibant, alors il n y a plus rien eu de possible artistiquement dans la production cinéma. Pour la littérature, il serait difficile de dire que l édition en samizdat dans les années les plus noires est forcément meilleure que la littérature des années du dégel.
Quand on lit les communications entre les gouvernants, les chefs de studios et les equipes de production, on se rend compte que toute la communication est completement biaisée et c est veritablement kafkaien: aliénation complete de tout le monde, chacun semble terrorisé par ce qu il lui arriverait si jamais on le soupconnait de..., et il n est plus question de jouer aux héros, ce serait tout bonnement du suicide. Donc il y a un moment ou la contrainte de la censure est trop forte, trop puissante et ou l on ne peut plus jouer a contourner. Dans les années 1970, dans le bloc de l Est, ou au moins dans certains pays, on ne se permettait absolument plus aucun écart par rapport a la ligne politique.
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Re: Résistance du film argentique

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[hs] Donc l'ère Trump annoncerait un renouveau du ciné U.S. ? Avec son lot de nouveaux Chaplin à devenir persona non grata ? [/hs]
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Re: Résistance du film argentique

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musidora a écrit : Donc il y a un moment ou la contrainte de la censure est trop forte, trop puissante et ou l on ne peut plus jouer a contourner. Dans les années 1970, dans le bloc de l Est, ou au moins dans certains pays, on ne se permettait absolument plus aucun écart par rapport a la ligne politique.
Pourtant, même un film de propagande peut être un très bon film, Eisenstein a écrit quelques-unes des plus grandes pages du cinéma mondial, et ce, même si des films comme Alexandrej Nyevsky sentent la private joke de Staline à Hitler à des kilomètres.
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