Voilà, c'était hier soir, enfin, la nuit dernière, au Grand Rex.
Environ 1000 personnes dans la salle je crois, bonne ambiance.
Programmation de films bis, de FA et d'extraits de films craignos triés sur le volet.
Tout d'abord, Mad Foxes (1981).
Un film espagnol (et Suisse
) du sous-genre "revenge movie" dont la matrice pourrait être La dernière maison sur la gauche de Wes Craven, genre de contre-contre-culture (Un justicier dans la ville, L'inspecteur Harry...), en réaction à la contre-culture (Easy Rider, Point limite zéro, Zabriskie Point...) basé sur une inquiétude/incertitude/confusion au sujet des valeurs défendues dans nos sociétés (comprendre dans la société américaine). En gros, un blanc bien blanc va se venger en dézinguant des hippies nazis bikers . Sous-genre qui va s'enraciner dans le western classique. C'est donc assez profond
.Le film est 100% nul, ce qui est rare. Il en devient intéressant. Quelque soit le domaine, il ne présente AUCUNE qualité artistique : mise en scène, photographie, direction d'acteurs, montage, doublage, écriture... Entre hilarité, consternation et... fascination.
En forçant un peu, on pourrait même dire que ce brouillage de valeurs aboutira 30 ans plus tard aux films d'Harmony Korine.
Ensuite, Les nouveaux barbares de Castellari (1982)
Attention, changement total (heu) de genre. Film italien tourné avec les moyens techniques de Cinecitta. Dans son genre, c'est une série A. Pas un plan flou, pas de faux raccords, scope maitrisé, photo propre... La drôlerie provient souvent des fautes de goût, dans cette image si propre, il faut voir ce faux Mel Gibson marcher dans la poussière d'un air mythique... Car si la technique est soignée, il n'y a aucun budget à la déco, juste de quoi acheter des bombes de peinture argentée pour faire des voitures futuristes (on reconnait une VW coccinelle grimée...) et c'est tourné dans des carrières dans les environs de Rome.
Ah, oui, j'ai oublié de vous dire, c'est un sous-produit de Mad Max, donc dans le genre Post Apocalyptique matiné de Western italien (cf la filmographie de Castellari), les deux genres étant très liés.
En gros, dans un monde désertique s'affrontent les nouveaux barbares, un gang de nihilistes fachos so gays (ce que l'on découvre dans un scène incroyable façon Cruising) et une poignée d'irréductibles, le faux Mel, Fred Williamson (
) échappé de la Blaxploitation, une nana chichement vêtue et un gamin mécanicien tête à claques qui malgré leur individualisme forcené finiront par venir en aide aux quelques pauvres "pionniers" subsistants et sans défense.Du vrai western post-apocalyptique, dont Le livre d'Eli serait la queue de la comète.
Les films sont entrecoupés des "cuts" de Nanarland, comprendre des extraits de films bis, ou très très bis avec une prédilection pour les films turcs et les films de sf africains avec effets spéciaux digitaux home-made. Et aussi de montages de FA projetés en 35mm, de Parking de Demy à Les faiseurs de Suisses...
On a besoin de voir ce genre de productions ne serait-ce que pour apprécier les chefs d'oeuvre par effet de contraste, cela fait partie de la culture cinématographique mais...
projeter 95% du programme en numérique ?! WTF !Ou est l'évènement !? Ce sont des films qui existent en sources HD (Bluray) et dont on a tiré des DCP après avoir resynchronisé la VF dessus (La VF ne me gêne pas, elle fait partie de l'histoire de ces films). Pourquoi ne pas projeter les films en copie 35mm !? On me dit : "ces films n'existent pas en pellicule", outre que c'est faux, pourquoi ne pas projeter des films qui existent dans des archives publiques ou privées ? L'authenticité de l'expérience en prend un coup, peut-être sous la bannière de "les amateurs de nanars sont des geeks regardent des divx habituellement alors on s'en fout" ?
Les "cuts" de nanarland, en numérique tirés de VHS font penser à des compilations de Youtube, ça ne ressemble à rien mais je suppose que l'esthétique VHS attise la nostalgie dans une certaine mesure, admettons. Et puis on m'a expliqué que les "cuts" sont comme ça depuis le début, alors ok.
Et les montages de FA, non mais c'est quoi cet amateurisme ?! Tous les FA en flat ont été projeté avec le cache du 1.85 alors que beaucoup de FA étaient en 1.66 (1.33 pour certains ?) et au milieu d'un bobine flat, hop, 2 FA Shaw Brothers en Scope, on aurait dit que le projectionniste n'avait pas été prévenu, au bout de 4 minutes, changement de format à l'arrache (il était parti boire un café, le projectionniste, ou alors il ne trouvait plus le cache du scope et l'hypergonar ?). Tout ça mal cadré à l'écran.
A une époque, les films des nuits excentriques étaient projetés sur leur support d'origine, à la Cinémathèque, et remontaient un peu plus dans le temps.
Aujourd'hui, Grand Rex, films des des années 80 exclusivement, numérique... L'évènement culturel ne serait-il pas en train de devenir un évènement commercial ?
Certains d'entre vous y étaient-il ?
) faisaient aussi le charme de ces séances... 
)
